Après sa séparation avec le roi de France, Louis VII, Aliénor rejoint sans attendre son duché d’Aquitaine qu’elle a récupéré en intégralité. Le 18 mai 1152, moins de deux mois après son divorce, elle épouse Henri Plantagenêt, duc de Normandie. Le mariage est célébré dans l’intimité en la Cathédrale Saint-Pierre de Poitiers. Aliénor est donc à la fois duchesse d’Aquitaine et duchesse de Normandie ! (Plus tard, en 1158, Henri II récupérera définitivement l’héritage du comté d’Anjou). Aliénor ne tarde pas à être enceinte et met au monde son premier fils Guillaume, le 17 août 1153, un pied de nez à la cour royale de France !
Le remariage
Henri II et Aliénor d’Aquitaine, lettrine du Lancelot-Graal, vers 1275. Bibliothèque nationale de France.
En octobre 1154, le roi Étienne de Blois d’Angleterre s’éteint. Comme héritier, il a désigné Henri Plantagenêt, le petit-fils d’Henri Ier. Le 19 décembre 1154, Henri et Aliénor sont couronnés dans l’abbaye de Westminster, à Londres : il devient Henri II, et Aliénor ajoute à ses titres celui de reine d’Angleterre. Cela fait d’elle la femme la plus puissante d’Occident !
Ce mariage a pour effet d’introduire la culture et la langue occitanes de l’autre côté de la Manche, grâce notamment au célèbre Bernard de Ventadour.
La descendance légitime d’Henri II Plantagenêt et Aliénor d’Aquitaine
Durant les premières années, Aliénor et Henri II chevauchent continuellement leurs immenses possessions. Ces déplacements incessants sont à peine freinés par la naissance d’autres enfants du couple royal. En 1156/1157, meurt prématurément Guillaume, leur premier fils. Aliénor et Henri auront sept autres enfants : Henri, Mathilde, Richard (dit Cœur de Lion), Geoffroy, Aliénor, Jeanne et Jean (dit Sans Terre).
S’il semble que durant toutes ces années au cours desquelles Aliénor donne naissance aux futurs héritiers du trône, Henri II exerce de plus en plus le contrôle du duché d’Aquitaine, il faut toutefois souligner qu’il lui donne plusieurs fois la régence de l’Angleterre, quand il est sur le continent, ou du Maine et de l’Anjou quand il est en Angleterre.
La descendance légitime d’Henri II avec de gauche à droite : Guillaume, Henri le Jeune, Richard, Mathilde, Geoffroy, Aliénor, Jeanne et Jean. Extrait du Rouleau généalogique des rois d’Angleterre, vers 1300-1308, British Library.
Le retour en Aquitaine avec Richard
En 1168, pour faire face à la révolte des seigneurs aquitains, Henri II confie la reprise en main du duché à Aliénor. À ce moment là, elle a 44 ou 46 ans alors que lui n’a que 35 ans. Ils s’éloignent l’un de l’autre et d’un commun accord, Aliénor quitte l’Angleterre pour l’Aquitaine avec son fils Richard âgé de 11 ans. Au cours d’une cérémonie, en avril 1170, il est reconnu comme le successeur d’Aliénor à la couronne d’Aquitaine (comprenant le Poitou) et en 1172, il est couronné comme tel à Poitiers et à Limoges. Richard devient héritier de sa mère Aliénor d’Aquitaine aux titres de comte de Poitiers et de duc d’Aquitaine.
Durant cette période, Aliénor joue un rôle actif auprès du jeune Richard, parangon des chevaliers courtois formé à l’école du fameux Guillaume le Maréchal. Richard adoptera comme emblème le lion, qui trône toujours sur les blasons ou armoiries de l’Aquitaine, du Poitou et de l’Angleterre. On le surnommera Richard Coeur de Lion en raison de son courage !
Le partage des terres
En 1169, Henri II commence à envisager sa succession et il décide que son empire sera divisé entre ses fils après sa mort. Henri le Jeune obtiendra l’Angleterre et la Normandie, Richard aura l’Aquitaine comprenant le Poitou, la Bretagne sera transmise à Geoffroy mais rien ne reste pour Jean qui prend donc le nom de « Jean Sans Terre ».
Pour assurer le trône à son fils ainé, Henri II fait sacrer son fils ainé, Henri le Jeune, de son vivant mais ce dernier n’est pas satisfait car Henri II veut prendre une part de son héritage pour la donner à Jean. Une querelle éclate. En 1173, les trois frères, Henri le Jeune, Richard et Geoffroy, se dressent ensemble contre leur père, soutenus par leur mère et le roi de France.
La captivité d’Aliénor
Fresque de la chapelle Sainte-Radegonde de Chinon (fin du XIIe ou XIIIe siècle). Représentation possible d’Aliénor et sa fille Jeanne en 1174.
Henri II sait que la reine est impliquée dans ce complot familial. Il souhaite lui interdire toute action. Aliénor se cache. C’est ainsi qu’en 1173 fuyant la Tourraine, déguisée en homme, la reine est capturée par les chevaliers de son mari. Incarcérée à Chinon, elle est emmenée en Angleterre loin de ses fils.
Le roi la fait enfermer dans diverses forteresses dont celle de Winchester dans le sud de l’Angleterre, sans la répudier pour ne pas perdre le bénéfice de la dot c’est à dire l’héritage poitevin et aquitain. Elle restera captive environ 16 ans, de 1173 à 1189.
Tensions familiales
Pendant la captivité d’Aliénor, Henri II finit par se réconcilier avec ses fils et avec le roi de France. En 1179, Louis VII, épuisé cède le trône à son fils Philippe II Auguste.
Entre Henri le Jeune, Richard et Geoffroy la guerre éclate. Le premier est jaloux de voir Richard gouverner l’Aquitaine, alors que lui n’exerce aucun pouvoir réel.
Le conflit prend fin à la mort inattendue d’Henri le Jeune, en 1183, suivie de celle, accidentelle, de Geoffroy en 1186. Richard devient l’héritier du trône. Son père le désigne officiellement comme son successeur au tout début du mois de juillet 1189 avant de mourir le 6 de ce même mois.
Richard, extrait d’une miniature de l’Historia Anglorum de Matthieu Paris, vers 1250-1255.
La mort d’Henri II
Henri II et Aliénor. Extrait d’une miniature d’un manuscrit des Grandes Chroniques de France, vers 1332-1350, BNF.
Le 6 juillet 1189, le roi d’Angleterre Henri II meurt donc abandonné de presque tous à Chinon.
Richard monte sur le trône d’Angleterre, il fait immédiatement libérer sa mère qui assure une sépulture royale à son défunt mari sous les voûtes de l’abbaye de Fontevraud. Richard est couronné le 2 septembre de la même année.